Le musicien, un community manager comme les autres ?

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Le musicien, un community manager comme les autres ? C’est la question que se pose Stéphane Costantini. Du fait de mutations des industries de la musique telles que la baisse des ventes de musique sur support physique, le développement de « nouvelles majors » telles que Google, Apple, Amazon,etc. et du marché numérique plus généralement, il y aurait un brouillage entre « amateurs » et « professionnels ». Les musiciens amateurs auraient, selon l’auteur, plus de facilité à entrer dans le marché de la musique. L’auteur explique cela par une multiplication de pôles de création tels que les home studios ou les micro-labels. Ce phénomène serait également amplifié par une « adoption massive des plateformes de contenus et des réseaux socionumériques. » Ces dispositifs permettent notamment de mesurer la notoriété en ligne et de facto de se valoriser sur le marché de la musique.

L’auteur considère ainsi que les musiciens dits « autoproduits » ou signés dans de « petits labels » sont soumis à un impératif de communication s’ils souhaitent faire partie de ce marché. Ainsi, les musiciens amateurs vont utiliser des outils numériques tels que le streaming, la vidéo ou les réseaux sociaux à des fins de communication ou de sociabilité. Stéphane Costantini parle notamment de « management de soi ». Ce terme inclut la gestion des activités de diffusion et de promotion musicale, mais aussi la gestion de leur visibilité et de leur image.

Se démarquer à l’ère du numérique

neonbrand-263889-unsplashDans une industrie du disque en crise, les artistes doivent se démarquer pour « tirer leur épingle du jeu », explique L’Express.

Au début des années 2000, le site américain MySpace est considéré comme l’une des références en matière de plateforme musicale. Mais, très rapidement, il sera dépassé du fait de son «  positionnement incertain, à mi-chemin entre le réseau social et le site de streaming ». En 2007, il cumulait 200 millions d’utilisateurs, en 2016, il n’en comptait plus que 35 millions. Mais son impact dans l’industrie musicale est indéniable.

« L’autopromotion sur le web est désormais un exercice indispensable pour tout nouveau musicien en quête de notoriété. Du petit artiste parisien aux rois du dancehall électro californien Major Lazer, les artistes de tous statuts peuvent être présents sur des plateformes sociales globales comme YouTube ou Facebook », affirment les journalistes de L’Express.

Les réseaux sociaux comme Facebook ne sont toutefois pas spécifiquement dédiés à la promotion de la musique. D’autres sites comme Soundcloud sont plus spécifiques à la musique. Soundcloud est une plateforme de distribution audio en ligne, permettant aux internautes de publier un morceau de musique, « sans sélectivité à l’entrée ».

Il s’agit notamment de la plateforme de partage privilégiée des artistes qui tentent de percer sur la scène musicale, « là où ses concurrents, Deezer et Spotify, proposent une écoute d’artistes en majorité confirmés et labellisés ».

Soundcloud, une vitrine pour la musique

Dans leur article, les journalistes de L’Express citent le groupe d’électro pop parisien « Teach Kids Manners » utilisant Soundcloud comme une carte de visite. « Créer un profil Soundcloud a été notre premier réflexe quand on a voulu se lancer, » raconte Gauthier Quatelas, le guitariste et bassiste du groupe. « Nous avons pu faire écouter nos démos, donner la couleur à nos premiers auditeurs de manière gratuite et illimitée » se souvient-il. Le groupe se produit désormais sur les scènes de Paris et du reste de la France mais n’a pas encore de label. « On fonctionne sur le mode associatif, nos fonds alimentent la pérennité du groupe ».

Certains amateurs se sont également fait repérer sur Soundcloud. C’est le cas de Mehdi Benjelloun, surnommé « Petit Biscuit » et se produisant sur les scènes nationales. Son manager, Thomas Massimi explique aux journalistes de L’Express : « Quand je suis tombé sur le profil de Petit Biscuit, il n’avait que 600 abonnés, aujourd’hui il a décollé ».

Pour les journalistes de l’hebdomadaire, « la quantité est un gage de reconnaissance pour un artiste qui essaie de percer. Un simple “repost” — le fait de partager le morceau d’un artiste sur sa page pour le faire découvrir — peut faire passer un jeune musicien de l’anonymat au succès ».

Le jeune musicien a désormais conquis les plateformes grand public YouTube et Facebook. Cependant, comme l’explique L’Express, le cas de Petit Biscuit est rare. En effet, selon la revue universitaire Réseaux (2012/5, n° 175 : Industries culturelles et Internet), 11 % des artistes étudiés généraient 90 % de l’audience sur YouTube. Et cette tendance se vérifie aussi sur les réseaux sociaux musicaux : sur Last.fm, 12 % des musiciens cumulaient 90 % de l’audience mesurée. « Autrement dit, les auditeurs restent largement concentrés sur une minorité d’artistes reconnus ».

« Ces statistiques incitent à relativiser l’importance des plateformes d’écoute musicale sur le web dans le processus de découverte des artistes émergents. Le miracle d’une explosion de la notoriété sur la toile, un temps considérée comme l’Eldorado des nouveaux talents, reste encore réservé à une infime minorité », affirment les journalistes.

Source : L’Express

MySpace et l’autopublication

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Selon Jean-Samuel Beuscart, l’idée de l’autopublication est liée au développement d’internet. Dès la fin des années 1990, les musiciens amateurs ou de renommée diffusent des contenus sur leur production (musique, éléments graphiques, etc.). Toutefois, l’auteur met en avant que les sites sont restés confidentiels jusqu’en 2005. A partir de 2006, MySpace — qui sera l’un des sites les plus consultés au monde avec près de 200 millions d’utilisateurs — change la donne.

Présenté comme une plateforme de réseau social, MySpace permet une présentation de soi et une certaine sociabilité. Le site devient donc un moyen d’autopromotion pour les musiciens — aussi bien amateurs que confirmés. De nombreuses success-stories relayées par les médias présentent MySpace comme permettant à des inconnus d’accéder à une renommée mondiale.

Mais Jean-Samuel Beuscart précise que les musiciens micro-produits (notamment ceux que l’auteur a interrogés) utilisent MySpace par manque de moyens, de temps et d’argent. Les interrogés font usage de la plateforme parce que la construction d’une page est simple et ne nécessite pas de compétence particulière. MySpace est un moyen de créer du lien entre pairs, mais aussi une source d’accroissement de la notoriété. La prospection d’amis est également une activité importante sur MySpace. L’auteur ajoute tout de même que c’est la combinaison des actions qui rend efficace l’accroissement de la notoriété : la mise en ligne de morceaux, la création de flyers et la prospection d’amis permettent aux artistes d’obtenir un grand nombre d’écoutes.

Un certain nombre d’interrogés estime que MySpace amène des opportunités nationales et même internationales : la notoriété sur MySpace offre par exemple l’accès à des salles de concert.

Cet article met donc en évidence l’idée que l’utilisation de MySpace (ou d’outils en ligne) peut être un premier pas vers la notoriété, mais ces usages ne sont pas suffisants pour espérer gagner une forte notoriété. Pour Jean-Samuel Beuscart, c’est bien la combinaison de plusieurs facteurs qui permet aux amateurs de se faire connaître.

Source : Cairn

Les dates clés du streaming musical

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Les années 1990 : les origines du streaming

« Dans les années 90, l’élargissement de la bande passante, l’amélioration des réseaux et la commercialisation d’Internet ramènent à nouveau l’idée du streaming. », explique Elise News.

En 1993, en Californie, le groupe de rock garage Severe Tire Damage est le premier groupe à se produire sur Internet. Ils utilisent une structure de multidiffusion appelée « Mbone ». Puis, en 1994, ce sont les Rolling Stones qui diffusent l’un des concerts de leur tournée en ligne grâce à la même technologie.

En 1995, l’entreprise RealNetworks crée le format RealAudio et jusque dans les années 2010, ce format a été utilisé par de nombreuses radios en ligne pour leur flux streaming.

En 1997, l’un des premiers formats conçus pour le streaming audio VivoActive est racheté par RealNetworks et sera remplacé par RealPlayer.

Apple annonce en 1998 la création du réseau de diffusion, QuickTime Streaming. 

En 1999, Netshow, le réseau original de diffusion de Microsoft et concurrent direct de RealNetworks et Vivo, est renommé Windows Media.

Les années 2000 : la naissance du streaming musical

En 2001,la première plateforme d’achat de musique en ligne Rhapsody est lancée. Il s’agit de la première offre de musique à la demande à un tarif mensuel. Rhapsody obtient des licences d’EMI, BMG, Warner Bros RecordsSony et Universal Records.

En 2003, MySpace est lancé comme un réseau social pour musiciens. Il s’agira d’un des sites les plus visités au monde de la décennie. Selon Elise News, « les musiciens peuvent publier librement leur musique, une révolution pour l’époque. Mais le service deviendra malheureusement désuet face à l’explosion de Facebook et malgré plusieurs rachats, n’arrivera pas à retrouver son succès passé ».

2005 sera l’année de la création de la plateforme de partage vidéo en ligne YouTube. « Si le service n’est pas purement du streaming musical, il deviendra la plateforme la plus populaire ».

En mai 2005, Yahoo! Music a lancé Yahoo! Music Unlimited, son service de musique à la demande pour 8,99 dollars par mois. Cependant l’offre s’arrête en 2008.

En 2006, à Paris, « le site blogmusik.net est fondé, mais ferme volontairement en avril 2007, sous la pression croissante de la SACEM et du SNEP en France, pour des raisons de violation des droits d’auteur. Les fondateurs reprennent leur idée de donner un accès illimité à tous ceux qui aiment la musique et fondent Deezer, alors entièrement gratuit, en 2007 après avoir obtenu les droits des titres. En 2011, Deezer compte 20 millions d’utilisateurs et 1,4 million d’abonnés payants ».

En 2007, la plateforme musicale de streaming SoundCloud est créée. En 2008, l’application Spotify est officiellement lancée. À l’origine, Spotify ne propose de compte gratuit que sur invitation mais ouvre l’inscription payante à tous.

Les années 2010 : le succès des plateformes de streaming

Apple Music, Deezer, SoundCloud et Spotify dominent désormais le streaming musical. Mais une question demeure selon Elise News : « la place des artistes sur ces services, qui voient leur musique devenir un enjeu commercial sans pour autant en tirer les revenus qu’ils devraient ».

Source : Elise News

Présentation du blog

Dans le cadre de nos études et du séminaire « Pratiques culturelles et numériques », nous souhaitons travailler sur la thématique de la musique à l’ère du numérique. Notre recherche s’oriente sur les musiciens amateurs en tant que producteurs de contenus à l’ère du numérique. Désormais, pour créer ou accéder à la musique, une diversité de plateformes ou de dispositifs existe sur Internet et l’offre musicale est abondante, c’est pourquoi nous souhaitons comprendre les usages autour de la musique amateur. Désormais, la manière de produire la musique est devenue plus accessible techniquement par l’intermédiaire de nouveaux outils, mais notamment aussi grâce à la légèreté du format MP3 qui facilite l’échange et la diffusion de musique. Les musiciens amateurs se créent des profils sur des plateformes et peuvent ensuite mettre en ligne les morceaux qu’ils ont créés. Notre problématique se centre sur la manière dont les musiciens valorisent leur création à travers le numérique. Il s’agira également de se questionner sur l’éventuelle professionnalisation du musicien amateur à l’ère du numérique.